Parcours artistique

De nombreux artistes ont trouvé leur insipration à la Manu et vous offrent leur œuvre. Promenez-vous et admirez...

Des bancs publics pas comme les autres

Arnaud COHEN - N°1

L'œuvre

Le banc réalisé par Arnaud Cohen évoque  par ses citations la relation entre la culture et d’autres activités telles que la pratique du skate. Situé à côté du Skate park, l’artiste a choisi des citations de philosophes (Claude Levi Strauss, d’écrivains (André Malraux) ou de plasticiens (Car André) pour affirmer que la pratique du skate peut être vue comme un art en soi. La frontière entre une culture dite populaire et une culture plus élitiste est pour lui à abolir. Arnaud Cohen puise en effet dans la culture populaire et les pratiques vernaculaires pour réaliser ses œuvres et considère qu’elles ne sont pas détachées de la vie quotidienne et encore moins de pratiques sportives ou festives. Il aime associer des objets du quotidien ou tombés en désuétude à des formes artistiques qu’il met en scène dans des installations ou des performances (il a déjà réalisé des performances collectives mettant en scène des patineurs à roulette).

L'artiste

Arnaud Cohen est né en 1968 à Paris et est installé à Cenon-sur-Vienne depuis plusieurs années où il a emménagé son atelier dans une ancienne coutellerie située à l’embouchure du Clain et de la Vienne. Ce lieu emblématique est aussi devenu un espace de création dans lequel il peut expérimenter toutes les formes qui viennent nourrir son imaginaire et enrichir son œuvre mais qui, à certains égards peut aussi être regardé comme une création à part entière tant la relation entre les œuvres et le lieu est forte et ancrée. En 1997, il intègre la galerie Marwan Hoss et commence à participer à de nombreux évènements internationaux. Depuis lors, sa présence dans des évènements internationaux est importante et régulière. Sa pratique artistique peut se considérer comme relevant du collage et de l’assemblage mais dans un sens large intégrant tous les matériaux possibles mais aussi des objets trouvés, des citations, des images et parfois également des gestes et des mots. Son œuvres fonctionnent néanmoins par séries et par périodes et reste animée par une critique de l’histoire et des problématiques mémorielles mais elle est aussi traversée par par des enjeux  éthiques et écologiques. ​​​​​​​                 

Peter STAMPFLI - N°2

L'œuvre

Le banc réalisé par Peter Stämpfli pour la Manu est sans doute le plus simple, le plus allusif et le plus radical de la série des bancs. A première vue, il n’entre pas en connexion directe avec le contexte et pourtant il se rattache à l’univers premier de l’artiste qui est celui de la voiture. Situé devant le Grand Atelier, musée d’art et d’industrie, il fait référence de part son graphisme aux empreinte de pneus. Le dessin est caractéristique des marques que l’on voit sur les roues des voitures, géométriques et discontinues. Sobre et uniquement traité en noir et blanc, le banc s’impose un signal fort et un marqueur visuel pour saisir l’importance de la voiture dans l’histoire ancienne et récente de la ville. Il annonce ce qui se découvre à l’intérieur du musée, une collection unique et surprenante liée à l’histoire de l’automobile.

L'artiste

Peintre suisse, Peter Stämpfli s’est formé aux Beaux-arts de Bienne de 1954 à 1956. Il découvre l’abstraction lyrique en 1958 et les peintres américains tels que Jackson Pollock, Franz Kline, Mark Rothko et leurs œuvres de très grands formats qui vont inspirées sont oeuvre. Il s’installe à Paris en 1959 au Bateau-Lavoir, lieu historique des peintres cubistes. En 1961, il commence à introduire la figuration à travers de détails d’objets issus du quotidien, s’inscrivant dans une esthétique proche du Pop art qu’il adaptera à ses propres idées esthétiques. Il est alors proche des peintres de la Figuration Narrative (Rancillac, Erro...) En 1963, il commence à peindre des détails d’automobiles (roues, pneus…) et réalisera également des films de montage. Sa première sculpture monumentale représente une empreinte de pneu et sera installée au parc du Petit-Leroy à Chevilly-Larue. Il réalisera ensuite plusieurs œuvres pour l’espace public dont les seize panneaux muraux monumentaux pour la gare routière de Fribourg (1999). Ce sens du détail en gros plan l’amène à inventer une forme d’abstraction qui est issue de la réduction de la réalité à son expression la plus simplifiée et géométrisée. L’empreinte du pneu symbolise cette recherche radicale qui se déclinera dans d’autres motifs et aboutira à un style artistique associant graphisme et abstraction géométrique.​​​​​​​                 

Hervé SORNIQUE - N°3

L'œuvre

Le banc réalisé par Hervé Sornique pour le site de la Manu évoque les patineurs et notamment ceux qui viennent s’exercer à la Forge, patinoire de la ville située au centre du site. La représentation voulue par l’artiste n’a rien de réaliste mais joue au contraire sur une approche plus symbolique et stylisée du mouvement qui renvoie à une représentation proche de l’illustration ou de la frise antique. Avec humour et simplicité, l’artiste fusionne les personnages avec leurs patins, surdimensionnés qui deviennent le prolongement de leur corps et constituent un véhicule adapté pour se déplacer sur la glace. Ces petits personnages au nez triangulaires sont caractéristiques de l’oeuvre d’Hervé Sornique et représentent des archétypes de la figure humaine. Dessinés en blanc, ils se déplacent sur un fond constitué d’autres figures rouges qui avancent en sens inverse, ce qui redouble l’idée de circularité du mouvement comme on peut le vivre dans une patinoire. ​​​​​​​

L'artiste

​​​​​​​Né en 1949 à Châtellerault, Hervé Sornique a grandement contribué à l’essor des arts plastiques dans sa ville et dans la région. Co-fondateur de l’École d’arts plastiques de Châtellerault (1984) avec Gildas Le Reste et Dominique Rouzié (dite Minouche), il exercera également comme professeur à l’École des Beaux-arts de Poitiers durant toute sa carrière. Pratiquant la sculpture, mais aussi la peinture et la gravure, il est l’auteur d’une œuvre riche et protéiforme souvent présentée comme un jeu visuel, tant dans les manières de faire que dans le résultat produit. Il affectionne en effet les compositions complexes, les mises en abîmes et les entrelacs visuels qui amènent le spectateur à se questionner sur le sens de ce qu’il voit.

Les personnages stylisés qu’il anime depuis plusieurs années et que l’on retrouvent sur le banc de la Manu, lui permettent de jeter un regard critique sur ses contemporains et sur le contexte ambiant. Dans ses compositions, un entrelacs linéaire et graphique se révèle à nous et nous oblige à « tirer le bon fil » pour en saisir l’histoire et le sens. Hervé Sornique a exposé dans de nombreuses villes en région, en France et à l’International ; Poitiers, Osaka, Valence’Espagne), Alma (Quebec).

                 

Hervé DI ROSA - N°4

L'œuvre

Le banc réalisé par Hervé Di Rosa se positionne devant l’École nationale du cirque. Dans son style caractéristique, l’artiste vient dessiner « en creux » six figures rouges qui symbolisent le cirque et ses pratiques. Un acrobate, un clown, un musicien ou encore un jongleur y sont représentés par des formes simplifiées et réduites parfois à des simples traits. Les personnages s’apparentent ainsi à des signes ou à des graffitis qui viendraient s’agiter sur la surface plane et neutre du dossier, formant ainsi une petite parade joyeuse et animée. Ses formes « sans contour » semblent en mouvement et douées d’une vie propre, renvoyant au monde de l’enfance et à des personnages de dessin animé ou de livres illustrés.

L'artiste

Hervé Di Rosa est né le 17 décembre 1959 à Sète. Après son bac, Hervé Di Rosa intègre le cinéma d’animation. Cultivant une proximité avec l’univers de la BD qu’il connaît bien, il apprend l’histoire de l’art et s’intéresse aux peintres anciens et contemporains. À tout juste vingt ans, il est exposé à Paris, Amsterdam et New York. En 1981, Hervé Di Rosa cofonde le mouvement de la Figuration libre, ainsi dénommé par l’artiste Ben.  Il est avec son frère Richard Di Rosa, François Boisrond, Rémi Blanchard et Robert Combas l’un des fondateurs de ce mouvement qui revendique  une approche esthétique qui se nourrie des pratiques artistiques populaire (BD, Rock, Dessin d’animation, fanzine…) tout en se référant à l’histoire de l’art. Progressivement, il diversifie ses approches artistiques au contact d’artisans dans un tour du monde qui le mènera en Tunisie, en Bulgarie, au Ghana, au Bénin, en Éthiopie, au Vietnam, en Afrique du Sud, en Corse, à Cuba, au Mexique, aux États-Unis, au Cameroun, en Israël. Sans revendiquer un style particulier, mais en développant un univers narratif bien à lui, peuplé de personnages récurrents, il a pratiqué toutes les techniques de création: peinture, sculpture, bande-dessinée, tapisserie, estampe, fresque, laque, argent repoussé, céramique, dessin animé, images numériques, entre autres. Il est également l’auteur ou le sujet de plus de 150 livres d’art et publications entre 1978 et 2019. Concepteur de l’Art modeste, il fonde en l’an 2000, à Sète, le Musée international des arts modestes (MIAM), où il expose de nombreux artistes venus du monde entier et crée des expositions qui questionnent les frontières de l’art contemporain. Il réalisera pour Châtellerault plusieurs œuvres emblématiques dont les personnages-chaises de la cour de L’École d’arts plastiques bien connues des usagers, enfants et adultes qui fréquentent ces espaces. ​​​​​​​                 

Joël DUCORROY - N°5

L'œuvre

Le banc réalisé par Joël Ducorroy réunit 9 plaques sur lesquelles sont inscrits des mots qui font référence à l’univers de l’automobile mais plus généralement de la fabrication artisanale et industrielle. Elles évoquent indirectement le site de la Manu à travers certains éléments visibles par les usagers. Positionné près d’un parking, le banc fait référence aux plaques minéralogiques des voitures garées à proximité, mais il renvoie également à l’univers et à la collection du Grand Atelier, musée d’art et d’industrie qui regroupent de nombreuses voitures remarquables et emblématiques de toutes les époques.

L'artiste

Joël Ducorroy est un artiste plasticien contemporain français né en 1955. Se définissant comme un « plaquetitien », Joël Ducorroy travaille avec les mots et utilise la plaque minéralogique comme support. Dés 1969, il réalise des sérigraphies inspirées d’Andy Warhol qu’il admire et aura l’occasion de rencontrer. En 1980, il rencontre Serge Gainsbourg avec lequel, il échange quelques paroles facétieuses du genre « Et cetera, c’est adéquat », qu’il fait inscrire sur une plaque minéralogique. Depuis, les mots deviennent la vraie matière de ce peintre « sans pinceau », collectionneur de mots. Il exprime ce choix de façon très clair : « Les plaques minéralogiques comme support artistique revendiquent cette volonté d’en finir avec la toile, comme étant plus en adéquation avec notre société, impersonnelle, technologique et industrielle. Joël Ducorroy a également réalisé une œuvre pour le parvis de la Médiathèque de Cenon-sur-Vienne. Elle est également constituée de mots inscrits sur des plaques minéralogiques et se déploie au sol afin d’inviter l’usager à entrer. ​​​​​​​                 

Antonio SEGUI - N°6

L'œuvre

Le banc réalisé par Antonio Segui pour la Manu représente les disciplines de la musique, de la danse et du théâtre enseignées au Conservatoire Clément Janequin situé sur le site de la Manu. Le banc est donc un signal qui renvoie au lieu et à ses usages. Les images d’instruments, de décors ou de gestes évoquent sous la forme d’une sorte de rébus ce qui constituent l’activité même d’un conservatoire sans pour autant chercher à l’illustrer mais plutôt pour la suggérer par de légères allusions visuelles qui « sonnent » un peu comme les notes inscrites sur une partition.

L'artiste

Antonio Segui est né le 11 janvier 1934 à Cordoba en Argentine et décédé le 26 février 2022 à Buenos-aires. Artiste franco-argentin, il s’installera en France à partir de 1951 pour étudier la peinture et la sculpture. Il passera son temps ensuite entre l’Argentine et la France et s’installera définitivement en France en 1963. Son travail est rattaché au mouvement de la Figuration Narrative même s’il se décrit comme un artiste indépendant et en dehors de tout mouvement artistique. Au départ marqué par l’expressionnisme allemand, son œuvre intègre de plus en plus un mode de narration qui confine à l’absurde pouvant évoquer le surréalisme et d’autres formes d’expression narrative sud-américaines. Le thèmes de la ville, de la nuit et de son pays natal sont récurrents dans ses réalisations, traités dans un  registre frôlant l’ironie et intégrant une forme d’humour et de facétie très identifiables. Utilisant le fusain, le pastel, le crayon ou la plume, il fait vivre sur un fond d’agitation urbaine, un monde coloré et graphique qui semble parfois surgir de l’univers de la bande dessinée ou de l’illustration. Il intègre dans sa palette, les techniques de la lithographie, de la gravure et de la sérigraphie. La collection de l’Artothèque de Grand Châtellerault possède de très belles images de têtes de personnages produites avec la technique de la gravure au carborundum qui permet de réaliser des images noires d’une grande sobriété et très graphiques. Une œuvre monumentale est présente devant l’École d’arts plastiques, 12 rue de la Taupanne, et représente un ange marchant et portant un carton à dessin sous son bras. Elle représente une forme allégorique de la création artistique et a pu être réalisée grâce au concours de la société Brionne Industrie. ​​​​​​​                 

Erick SAMAKH - N°7

L'œuvre

Le banc d’Eric Samakh renvoie à la notion d’énergie, celle produite par le barrage hydroélectrique et celle provenant du soleil. Les capteurs solaires circulaires placés sur le banc et positionnés comme de simples motifs décoratifs constituent également des sources potentielles d’énergies capables d’allumer des diodes et d’éclairer le banc. Ils révèlent notamment la présence de l’énergie naturelle (celle de l’eau ou du soleil) que l’homme est en mesure de capter, d’utiliser et de canaliser. Leur présence sur un mobilier urbain vient révéler cette force que l’on ne voit pas mais qui est présente dans l’inertie de cette matière « au repos » et aussi tout autour de nous, sur le fleuve et grâce au barrage. Erik Samakh souligne ainsi les contexte industriels et naturels du site de la Manu qu’il n’oppose pas mais qu’il présente comme deux ensembles reliés qui identifient pleinement le site, sa fonction et sa réalité actuelle.

L'artiste

Né en 1959 à Saint-Georges-de-Didonne (Charente Maritime), Erik Samakh a commencé dès les années 80 à introduire l’informatique et l’électronique dans l’art pour concevoir des installations sensibles à leur milieu et qui agissent en interaction avec le public, ce qui constituait une véritable nouveauté pour l’époque. Influencé par des artistes tels que John Cage, Joseph Beuys, Walter de Marie et les artistes du Land Art, Erik Samakh explore la relation entre l’environnement naturel et les nouvelles technologies afin de mettre en évidence les phénomènes naturels pour mieux les faire percevoir. Par la mise en place de systèmes technologiques discrets et intégrés à leur environnement, il vient révéler dans ses œuvres tous ces phénomènes naturels d’origine végétal, animal ou physique. Il invite ainsi par l’écoute et la vision à nous rendre sensible à la nature et à entrer en dialogue avec elle. Il crée ainsi des situations participatives dans lesquelles le public est parte prenante de l’œuvre. Certaines œuvres se révèlent également en fonction de la présence active de certains phénomènes naturels tels que le vent, la pluie ou la lumière. ​​​​​​​                 

Jean CHAINTRIER - N°8

L'œuvre

Le banc réalisé par Jean Chaintrier pour la Manu est situé dans le Jardin du Directeur, proche d’une frondaison d’arbres. Sa nature très colorée évoque le mouvement d’un phénomène atmosphérique et lumineux. Un phénomène qui est peut-être visible sur le site lorsqu’on se tient  debout ou assis sur un banc et qu’on observe le ciel et sa lumière à différents moments de la journée. Ce jeu de couleur primaires entremêlées et fondues les unes dans les autres s’oppose par contraste au vert de la végétation environnante et vient en souligner la densité, la monochromie et la profondeur. Il constitue également un signal visuel fort dans le paysage de la Manu.

L'artiste

Jean Chaintrier est né en juin 1933 à Paris dans une famille d’origine poitevine et charentaise.  Fréquentant pour différentes raisons la région familiale, Il viendra vivre à Châtellerault soixante dix ans après sa naissance pour retrouver l’ambiance et les souvenirs de son enfance et de tous les moments passés dans la région en période de vacance. Jeune, il intégrera l’École Nationale des Arts Décoratifs à Paris où il étudiera jusqu’en 1958. Continuant la peinture après ses années de formation, il ne participera à sa première exposition de groupe qu’en 1972. Il exposera ensuite pendant plusieurs années au Salon Comparaisons et au Salon d’Automne à Paris et participera ensuite à des exposition personnelles d’envergure à Poitiers, Paris, Meudon, Châtellerault, Périgueux, mais aussi à Rotterdam, au Japon et en chine. Dans les années 90, il s’installera dans une maison en Dordogne où il installera son atelier. Il réalisera également de nombreuses pièces en émail, réalisé avec le concours de l’Abbaye de Ligugé dans la Vienne et reconnue en tant que lieu de production dans ce domaine.  Il sera nommé Chevalier des Arts et Lettres. Sa peinture s’organise dans un équilibre subtil entre l’abstraction et la figuration, sans que l’un de ces deux registres prennent le pas sur l’autre. Il s’attachera à cultiver cet équilibre qui le situe dans la lignée de certains artistes surréalistes tels que Victor Brauner ou Max Ernst. Proche du peintre poitevin Aristide Caillaud, son art sera aussi l’expression d’un univers symbolique mystérieux et poétique.  Son œuvre est présente dans de nombreuses collections publiques en France. ​​​​​​​                 

Jacques VILLEGLE - N°9

L'œuvre

Le banc réalisé par Jacques Villégélé évoque l’histoire de la Manu et son activité industrielle par des phrases écrites avec son alphabet sociopolitique créé à partir de 1969 en hommage au Professeur S. Tchakhotine. Cet alphabet consistant à associer à chaque lettre un signe politique historique afin de l’extraire de sa signification symbolique classique et usuelle. Avec cette alphabet, la lecture est rendue plus compliquée et le spectateur doit jouer entre la compréhension des mots et la reconnaissance des signes qui l’oblige à interpréter symboliquement la présence et la place de ces signes inscrits sur le banc.

L'artiste

Né en 1926 à Quimper, il étudie la peinture et le dessin à l’École des beaux-arts de Rennes où il fait la connaissance de Raymond Hains avec qui il construira une complicité définitive. Dès 1947, il se met à récolter à Saint-Malo des débris du Mur de l’Atlantique, qu’il regarde comme des sculptures. En 1949, il s’installe à Paris et se met à récolter avec Raymond Hains des affiches lacérées pour créer ensemble Ach Alma Manétro. Villeglé décide ensuite de limiter ses collectes aux seules affiches lacérées par des mains inconnues, donnant comme titre à ses appropriations le nom du lieu où le rapt est commis. Chez lui, il les recadre et redécoupe les parties qui l’intéressent avant de les maroufler sur toile. Il s’autoproclame plus tard « le Lacéré anonyme », et flâne pendant plus de cinquante ans pour choisir ses pièces en se concentrant sur des thématiques telles que « Les mots », « Sans lettres, sans figures», « Graffitis politiques », se considérant comme un metteur en scène de ces affiches. Par cette démarche singulière d’appropriation et de détournement, il est considéré comme un des pionniers de l’art urbain, mettant en évidence la poétique du signe, de l’image et de la lettre au-delà d’une signification commerciale ou politique. Son alphabet socio-politique prolonge cette démarche en l’amenant à détourner le sens des symboles pour les rendre « disponibles » et de nouveau utilisables par tout à chacun. Venu à plusieurs reprises à Châtellerault à l’invitation de l’École d’arts plastiques et de son directeur, il a pu réalisé des œuvres pour plusieurs espaces publics encore visibles aujourd’hui. Outre le banc pour la Manu, il est possible de voir un alphabet socio-politique mural disposé sur l’un des murs de l’École d’arts plastiques, rue de la Taupanne, ainsi que des panneaux de signalisation des bâtiments publics qui utilisent ce même alphabet et qui sont encore présents dans certaines rues de la ville.

Des statues d'artistes

La Métallurgie

Statue en plâtre de Jean HUGUES - 1896

Cette femme debout, vêtue d'un tablier de forge, tient à la main les outils de la métallurgie. Elle est entourée de deux enfants, à sa droite, une fillette nue tenant un long ruban, à sa gauche un jeune garçon armé d'un fusil. C'est une allégorie de la métallurgie.

Ce groupe est un modèle d'atelier ayant servi à reproduire la sculpture en marbre et conserve encore les petites marques de crayon servant au tailleur de pierre à prendre les mesures avec un compas.

Le génie civil

Statue en pierre calcaire de Joseph FELON - 1818

Connue à Châtellerault sous le nom de statue de l'industrie, il s'agit en réalité de la statue du génie cvivil.

Elle se fond depuis plus de 80 ans dans le décor de la place Krebs. Elle passerait presque inaperçue. Pourtant ses traits gracieux la rendent particulièrement intéressante si l'on y prête attention. Mais quelle est son histoire ? La mémoire orale de quelques personnes, notamment au sein de la Société des Sciences, a perpétué l'idée que cette statue proviendrait du Trocadéro, à Paris...

Des tours emblématiques

Jean-Luc Vilmouth

Comme deux tours

Dans le cadre du réaménagement de la Manufacture d'armes de Châtellerault, l'artiste Jean-Luc Vilmouth a réalisé une œuvre mettant en lumière le site et son histoire. Le célèbre sculpteur français a imaginé une œuvre "qui se voit de tout Châtellerault et depuis laquelle on peut voir tout Châtellerault".

“Sur le site de la Manufacture s’élèvent deux cheminées visibles depuis presque toute la ville. Retourner la situation, c’est permettre au spectateur de monter sur les cheminées pour regarder la ville. » (Jean Luc Vilmouth) 

L'œuvre

Comme deux tours est exemplaire de ce que l’art peut apporter au patrimoine qu’il soit industriel ou non. Elle vient en effet non pas se surajouter à ce patrimoine mais vient en souligner la qualité et la valeur. L’artiste a délibérément choisi de créer une œuvre qui réponde formellement à cette architecture industrielle qu’elle contribue à sauvegarder.

La spirale ascendante de l’escalier répond à celles présentent sur les tours et visibles dans la couleur des briques. Son diamètre entre également en résonance avec celui des deux tours qu’il vient souligner, se positionnant comme un troisième élément, rappelant le château d’eau manquant mais constituant, avec les deux autres éléments, un triptyque architectural aux proportions harmonieuses.

L’opposition de matières entre le métal et la brique permet de contraster ces deux matériaux emblématiques de la ville et de son histoire. Enfin, le choix de la fonctionnalité (une oeuvre que l’on peut emprunter et utiliser) confère à cette réalisation un statut particulier, située entre la sculpture et l’architecture.

Contrairement à des sculptures publiques relevant de la statuaire, cet édifice ne s’impose pas au visiteur comme “œuvre d’art”, distincte de l’architecture et du site. Elle ne se distingue pas comme un élément de décor ou une pièce rapportée et positionnée au centre de l’espace. Elle constitue une partie du site de la Manufacture, un élément structurant, quitte à “disparaitre” en tant qu’œuvre et à jouer pleinement son rôle de passerelle et de signal urbain.

Aujourd’hui, de très nombreux visiteurs et habitants la voient avant tout comme cela, donnant raison à l’artiste qui souhaitait réaliser une œuvre que l’on puisse s’approprier par l’usage quotidien et qui fasse totalement partie du paysage urbain de la ville.

Comme deux tours invite le spectateur-visiteur a faire partie intégrante de l’œuvre. Il est très intéressant de regarder cette œuvre à différents moments lorsque des visiteurs la pratiquent. Ils en révèlent son usage puisque l’œuvre est “activée” par leur présence, leur déplacement, leurs gestes. Regarder depuis la passerelle fait partie de l’œuvre et constitue le point ultime de son activation car cette œuvre est pensée comme un révélateur de ce qu’est la ville et de ce qu’elle a été.